L’automne dernier, Jean-Félix, le petit garçon de ma cousine Natalie, a découvert l’existence de l’Afrique à la pré-maternelle. A la télé, il a entendu qu’il y a une Afrique blanche et une noire, une réalité qui perdure. Réjouies de son savoir et de sa curiosité, nous avons décidé d’explorer la possibilité d’un échange entre son groupe et une école de Freetown.
En novembre, je me suis rendue à Rachel Preparatory School, un petit espace en blocs de ciment avec un toît de métal, caché derrière l’édifice moderne de la Eco Bank, sur Wilkinson Rd, le long boulevard où se trouvent plusieurs ONGs. On devine la présence de Rachel Prep plus qu’on ne la voit.
Etablie en 1999, alors que la guerre civile tirait à sa fin, l’école, qui n’a ni électricité ni eau courante, accueille aujourd’hui plus de 500 élèves. Sous la direction de Madame Marian Jusu, 14 professeurs enseignent les mathématiques, l’anglais, les sciences, et autres sujets selon les âges.
Les enfants du niveau nursery ont semblé aimer l’idée de correspondre par dessins avec ceux du Canada, même s’ils ne savaient pas trop encore où le pays se situe. Je leur ai dit que j’enverrais leurs photos aux petits amis nordiques et que je reviendrais avec celle de la classe de Jean-Félix.
La semaine dernière, je suis retournée avec un petit don provenant de la collecte d’Halloween de Jean-Félix. Madame Marian va utiliser les sous pour acheter des crayons de couleur et du papier. La photo des enfants Canadiens a provoqué beaucoup d’intérêt, tout comme l'ordinateur portatif, un bien d'extrême luxe que plusieurs n’avaient jamais vu.
Rachel Prep est comme des centaines d’autres écoles qui survivent grâce aux efforts d’ensignants dévoués et à la détermination de familles pauvres qui continuent d’y envoyer leurs petits à pieds, souvent sans une bouchée, tous les matins, même en saison des pluies.
Officiellement, le gouvernement subventionne l’éducation primaire. Mais les images plus que les mots témoignent des conditions difficiles dans ce pays détruit par la guerre, ravagé par la corruption, et oublié par les médias.
Petit Jean-Félix, j’espère qu’un jour tu pourras visiter le Sierra Leone et serrer la main de tes nouveaux amis de l’Afrique noire. Tu apprendrais beaucoup d’eux.